Sculptures by J. G. Paris, France
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“Je vais passer ma vie à expérimenter.”
“Je fais de la basse température. De la faïence, de la terre vernissée. Je cuis le tout à 1080°. Je veux des formes spontanées, libres. Je n’aime pas trop les angles. Je veux des décors gestuels et appliqués aussi pour montrer le temps qui passe, son rythme plus exactement. J’aime les pièces mates ou très brillantes, ou les deux. Très colorées ou monochromes. Tout peut changer, tout peut être expérimenté. Ce que j’aime, ce sont les créateurs qui s’expriment, qui ne se cachent pas derrière un travail et qui prennent des risques. Sans aventure, je m’ennuie. J’aime les créateurs ouverts sur plusieurs disciplines. Les puristes m’effraient…”
Après six ans de décoration sur faïence dans les ateliers traditionnels de Moustiers, Jérôme Galvin s’est tourné vers une production personnelle en céramique, gravure et peinture. Il établit une correspondance entre ces trois moyens d’expression.
“Je suis allé d’un atelier à un autre, petit à petit l’ennui est arrivé. Dans le traditionnel je n’apprenais plus grand-chose. Sur un coup de tête, en 98, je m’installe à mon compte dans la ferme familiale entre Moustiers et Sainte-Croix et m’inscris aux beaux-arts de Digne.”
La technique du décor ancien n’aura fait que confirmer sa passion pour le côté graphique.
“La tradition ne m’intéresse que si elle est retranscrite dans le monde contemporain.”
“J’ai toujours aimé les tags sur les murs décrépis, le courrier, les enveloppes, les belles écritures dans les vieux cahiers d’écoliers, les enluminures des grimoires, les histoires de contes et de mythologie, les décors des vieilles faïences bien sûr, les grotesques, l’histoire de l’art, et l’art contemporain. Depuis 1999, j’expérimente la faïence, la terre vernissée. La gravure, la peinture. Les installations, l’espace, depuis peut, la performance me questionne.”
“J’en avais assez de voir la faïence associée au passé, il faut la montrer ouverte, attentive. Mon travail de céramiste, de potier, est inspiré des poteries anciennes en terre vernissée, des faïences de Moustiers, toscanes ou orientales, de l’art contemporain, des peintres abstraits et expressionnistes. Le geste, la fraîcheur de tout ça… Mais en fin de compte, ce que je montre est toujours lié à ce que je vis, je me montre, je parle beaucoup de moi dans mon travail, sans complexe. Je peux aussi, à l’inverse, être décoratif.”
Spontané et réfléchi, impulsif et maîtrisé, la liste est longue.
“Un côté artisan-artiste, que je cultive avec plaisir. Parler de moi c’est parler des autres, je ne suis pas exceptionnel. J’ai choisi l’art, je continue.”